La surpopulation des cormorans est un fléau dans le Lot-et-Garonne. Le recensement des corbeaux des mers a doublé en 2015. Cela entraine un impact économique de plus en plus lourd pour les pêcheurs…
Il y a trente ou quarante ans, il y avait très exactement zéro cormoran en Lot-et-Garonne. Pour observer cet oiseau marin fondre sur ses proies, il fallait gagner les côtes girondines. Mais ça, c’était avant… Car depuis, le corbeau des mers a découvert les attraits du tourisme vert. Et il a bien compris tout l’intérêt qu’il avait à gagner l’intérieur des terres. Au dernier recensement en date du 1er janvier 2015, on dénombrait 2 251 cormorans dans le département. En 2013, ils n’étaient que 1 742. Soit une augmentation de près de 30 % du nombre d’individus.
1 026 450 d’euros
Un cormoran engloutit au minimum 500 grammes de poisson par jour et il séjourne en général six mois dans le département. Alors, les techniciens de la Fédération départementale de la pêche se sont livrés à un calcul dont le résultat est édifiant.
Jumelles rivées aux yeux aux abords de la gravière de Roussille, le président de l’AAPPMA (1) d’Agen, Philippe de Brito, résume la scandaleuse gloutonnerie des cormorans : « Leur impact sur les eaux libres lot-et-garonnaises est estimé à plus de 171 tonnes de poissons ingérés, avec une moyenne de 2 251 cormorans présents du 15 octobre 2014 au 15 mars 2015. Soit 152 jours de présence. La valeur financière des 171 tonnes de poissons qu’ils ingurgitent est estimée à 1 026 450 euros ! Et encore, avec une valeur moyenne basse de 6 euros par kilogramme de poisson ! »
415 cormorans à réguler
Rien d’étonnant à ce que le préfet ait consenti à augmenter les quotas de tirs. Il a autorisé le prélèvement de 615 cormorans, contre 415 l’an dernier. « Avec un nombre de cormorans qui a augmenté de près de 30 % entre les deux comptages des mois de janvier 2013 et 2015, un quota de 415 cormorans à réguler, c’était clairement insuffisant pour contenir la population », considère Phi- lippe de Brito.
D’excellents pêcheurs
Gourmand, malin et opportuniste, le cormoran est en passe de devenir un fléau. Les lacs, les rivières et tous les cours d’eau du département sont pour lui une magnifique cantine. Et il ne boude pas son plaisir : perches, carpes, truites, sandres et brochets, tout y passe.
Sans parler des piscicultures de Bruch et de Montpouillan qui sont particulièrement convoitées par ces excellents pêcheurs. « Face au problème d’évolution de comportements des cormorans qui arrivent maintenant à passer entre les fils de protection, nous avons rénové et densifié le réseau des fils sur les principaux étangs de stockage hivernaux et construit un abri, afin de pouvoir agir sur les cormorans qui sont posés sur les peupliers, en attendant d’attaquer les étangs de production », raconte Jean-Louis Molinié.
Même si ce n’est pas encore la guerre, c’est en tout cas l’état de siège face à ce grand pêcheur dont tous les dortoirs sont sous la haute surveillance des agents assermentés.
(1) Association agréée pour la pêche et la protection des milieux aquatiques.